Actu : la mascarade budgétaire (1)

A toujours creuser plus profond... Fil D'Actu
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L’automne est traditionnellement la saison où les représentants du peuple s’écharpent sur le vote du budget de la France. Notez que c’est l’une des rares fois où le nom « France » n’est pas remplacé par celui de « République », cette sacro-sainte forme de gouvernement devant laquelle chacun doit s’incliner pour faire amende honorable au suzerain laïc, et, subséquemment, à l’état de droit.

Cette année, le résultat des élections législatives de 2024 autorise les impétrants, plus ou moins compétents (pour ne pas oser l’expression des cons pédants) à s’ingénier à trouver de nouvelles taxes, ou à proposer des économies de bout de chandelle, à grands renforts de posture sur « X » (le réseau, pas le porno, quoique parfois en terme de vulgarité…) ou dans les médias mainstream (pour ceux qui ont la bonne carte !). Tout ceci est, vous l’avez compris, un vaste théâtre, uniquement destiné à divertir la galerie citoyenne, et, à la marge, justifier le budget que ces institutions, Sénat et Assemblée nationale, coûtent aux contribuables. Parce qu’à l’aune du rapport coût / bénéfice, c’est peu d’affirmer que le compte n’y est pas. Et cela fait cinquante années que cela dure.

Tous ceux qui concourent au funeste spectacle, élus, partis, syndicats et associations diverses, mais aussi monde médiatique, économique et culturel, voire amuseurs publics, ont pu, ou voulu, laisser accroire au quidam – vous, moi et quelques autres ! – que la chronicité des déficits budgétaires étaient le fait d’évènements fortuits ou exceptionnels, autrement appelés « crises », et/ou d’un amateurisme ponctuel et/ou d’une crasse incompétence, servie à la fois par un savoir ignorant du simple bon sens et par des élites soit disant déconnectées du monde réel.

Il y a du vrai dans tout cela, assurément. Il n’est qu’à considérer le niveau affligeant de certains élus faisant banquette à l’Assemblée. Mais l’arbre défaillant ne saurait cacher cette forêt que l’on saccage.

Entre parenthèses, les voilà (), permettez ce petit insert, évocateur de ma vie personnelle, pour préciser que je suis de l’heureuse génération à avoir inauguré, au XXe siècle, une enfance sans guerre à ses portes, en dehors de la « Froide » que le vieillard cacochyme occupant la Maison Blanche pour deux mois inter-minables (encore !) veut nous réchauffer dans le seul but de pourrir le mandat de son successeur-prédécesseur, et, à la marge, la vie de nous autres, sur le continent européen. Mais je m’égare… Si, donc, à la différence des mes grands-parents et parents, je n’ai donc pas connu la (vraie) guerre, je n’ai jamais arrêté d’entendre parler de « crise », depuis le fameux choc pétrolier jusqu’à la crise actuelle de la dette en passant par une cinquantaine d’autres, a minima une par année civile ! Un système économique, supposé le plus formidable entre tous, qui évolue de crise en crise, j’avoue que cela m’interroge, pas vous ?!

La vérité est à la fois plus simple et plus cruelle : cela fait un demi-siècle que les grands acteurs politiques, économiques et financiers du pays, relayés par des médias serviles, toutes obédiences confondues, organisent, de manière systématique, la faillite programmée de la France, et des français – dans leur très grande majorité tout au moins.

Comment cela a -t-il été rendu possible ? Et pourquoi le « peuple » n’a-t-il rien vu ?

Pour répondre à ces questions, il nous faut en revenir au basique : le concept de création de richesse et son pendant, la mesure de ladite création. Ceux d’entre vous qui ont déjà lu mon essai savent que du fonctionnement de l’Univers à la vie cellulaire du Vivant, tout tourne autour de la notion d’énergie. L’économie anthropique n’échappe pas à la règle. La production d’une richesse est directement corrélée à la production d’énergie ou à sa transformation en quelque chose d’autre, moins « brut ou primaire ». L’énergie ne se résume pas au pétrole ou à la fabrication de l’électricité – quelle que soit sa source. Tout travail, faisant appel à la force physique ou au mental, est une dépense énergétique. Et un pays ne doit sa création de richesse qu’à sa capacité à transformer son potentiel énergétique en valeur marchande.

Pour toute société, la réduction de sa consommation énergétique globale et/ou du temps de travail productif ne peut qu’aboutir, à terme, à la paupérisation de sa population. Inutile de suivre un master d’économie pour comprendre ce point élémentaire.

Les déficits chroniques et le creusement consécutif de la dette nationale sont la conséquence directe des politiques d’Etat – tous bords politiques confondus – qui ont conduit, avec une rare obstination, au démantèlement du secteur primaire – hier les grandes filières industrielles (charbonnage, sidérurgie, textile), aujourd’hui l’agriculture – et au déclin programmé du secteur secondaire, ou ce qu’il en reste, comme la production d’électricité ou d’automobiles notamment.

Les politiques, et plus généralement les principaux mis en cause de cette volonté déconstructiviste, auront beau jeu de se cacher derrière l’assentiment du vote populaire, régulièrement convoqué dans toute démocratie digne de ce nom. Sauf que le citoyen s’est leurré d’autant plus dans ses choix que les responsables directs et leurs affidés lui ont sciemment menti pour mieux dissimuler leur entreprise mortifère.

Cette tromperie à grande échelle a été rendue possible par la financiarisation des économies occidentales, par le développement sans limite de la mondialisation et par le détournement d’un indicateur, supposé conforter les populations dans l’idée que les bases de l’économie nationale étaient saines et pérennes, je veux parler ici du célèbre PIB.

La suite au prochain épisode…              

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